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L’entreprise est-elle un terrain neutre en termes de genre ? A l’heure des discours volontaires sur l’égalité hommes-femmes, découvrez les conclusions d’une étude sociologique sur les mécanismes qui perpétuent de manière insidieuse la domination masculine dans le monde du travail.

Lien vers l’épisode

L’invitée de l’épisode

Haude Rivoal est docteure en sociologie à l’université Paris 8. Chargée d’égalité professionnelle hommes femmes dans une entreprise de transport logistique de 15 000 salariés, elle a réalisé une enquête ethnographique dans toutes les strates de la société, des entrepôts jusqu’aux départements du siège social.

Pourquoi écouter cet épisode de Les couilles sur la table

Cet épisode est le récit d’une enquête de terrain qui permet de comprendre comment les entreprises contribuent à la fabrique des masculinités. Existe-il des métiers plus féminins que masculins ? Si oui, sur quels critères se baser pour les distinguer ? Toutes ces questions sont analysées avec acuité tout au long de cet épisode. En écoutant, on se pose indéniablement la question suivante : et dans ma boîte ça se passe comment ?

Bonne écoute

Verbatim

Je me suis intéressée aux facteurs qui maintiennent les hommes dans une position de pouvoir et de domination. Comment la domination masculine perdure à l’heure des discours égalitaristes ?

La virilité est un idéal, une somme de représentations liées à une idée de performance sociale, sexuelle, corporelle qui trouve ses démonstrations dans des usages de la violence et l’autorité.

On confond souvent la masculinité et virilité. Cela nous empêche de penser que les femmes peuvent être viriles et que toutes les masculinités ne sont pas viriles.

La virilité se décline au singulier alors qu’il existe plusieurs formes de masculinités. La masculinité évolue car c’est une construction sociale alors que la virilité se définit en elle-même.

Il y a plus de femmes dans la logistique que dans le transport alors que le métier de la logistique est plus pénible. La pénibilité n’est pas un critère déterminant de la division sexuelle du travail.

Dans le transport, les hommes sont assez perméables au recrutement féminin. Ils utilisent des arguments rhétoriques : c’est un métier d’hommes, cela exige un savoir-faire technique et un savoir-faire relationnel avec les clients qui sont majoritairement des hommes. Sur le terrain certains managers ont peur de perturber les équipes.

Dans la logistique, il y a une masculinité de l’endurance et de la performance physique à cause de l’augmentation des cadences (ex : pour la préparation des commandes).

Un médecin du travail constate que les femmes dans les entrepôts cassent plus vite car elles ont une double journée.

On pense souvent que les entreprises sont neutres du point de vue du genre. Les carrières fonctionnent avec un modèle au masculin neutre. En apparence l’avancement ne dépend pas d’un genre alors qu’on va demander au cadre d’avoir une disponibilité temporelle et géographique qui favorise les hommes. Les figures d’autorité ou d’expertises sont souvent associées au masculin en particulier dans les emplois techniques ou l’expérience de terrain est valorisée.

Il y a une forme de masculinité respectable qui s’installe. Ce n’est pas parce qu’on a des discours égalitaristes qu’il n’y a pas de pratiques sexistes.

La masculinité se renouvelle sans cesse. C’est l’une des conditions du maintien du patriarcat.

La prise de paroles dans les réunions est un bon indicateur des masculinités. Idem avec l’humour.

Le Podcast Les couilles sur la table

Les couilles sur la table est un podcast dédié aux femmes et aux hommes féministes qui cherchent à déconstruire les mythes de la masculinité. Le titre est assez évocateur. Animé tous les quinze jours par Victoire Tuaillon, ce podcast analyse toutes les représentations qui ont forgé les masculinités : boulot, bagnoles, sport, religion et bien entendu sexe. Tout y passe et permet d’y voir un peu plus clair sur toutes les notions de virilité et de masculinité.