Estelle Abbou – Réelles
LES COULISSES DU PODCAST # 8
Parmi les très nombreux podcasts écoutés pour Podcastzap, je dois confesser un faible pour Réelles. Des sujets variés en prise directe avec les réalités du monde d’aujourd’hui, des invités pointus, prestigieux ou non, qui accrochent l’oreille dès les premières minutes par le fil d’un discours bien tenu. En suivant son animatrice Estelle Abbou sur les réseaux sociaux, je me suis demandé qui se cachait derrière cette instagrammeuse compulsive aux multiples facettes. Journaliste ? Jet-setteuse ? Penseuse ? Entrepreneuse ? et bien sûr podcasteuse ! Donc en résumé slasheuse ! Intrigué, je l’ai contactée et elle a accepté de parler d’elle pour les lecteurs de Podcastzap. Voici son portrait.
Qui se cache derrière Réelles ?
Selon le philosophe stoïcien Sénèque, « Il faut toute la vie pour apprendre à vivre. » Ayant déjà vécu plusieurs vies en une, Estelle Abbou continue malgré tout d’apprendre à chaque instant qui passe même s’il est parfois compliqué de suivre sa trace. Un jour à Monaco, le lendemain à Paris, puis la semaine suivante en Floride, elle court et sans doute se cherche toujours. Et quand cela lui chante, cette dilettante ose prendre la parole pour la donner à ses invités en permettant à ses auditeurs d’apprendre à leur tour sur le monde qui nous entoure. De Jacques Attali, en passant par le climatologue Hervé Le Treut, le sociologue Nathan Stern jusqu’au philosophe Charles Pépin, elle décrypte les tendances qui bousculent notre planète et nos vies.
Donner du temps et chercher du sens, voilà une préoccupation constante chez cette passionnée de média qui ne s’y retrouve plus dans la cacophonie de notre époque rythmée par les chaines d’infotainment.
« Je veux aller chercher des gens que je n’entends pas ailleurs ou pas suffisamment et leur donner du temps pour parler et expliquer. Les médias ont une vocation d’information et de formation auprès des nouvelles générations. Beaucoup ont perdu cette ambition. »
Un début dans les médias
Éclectisme et curiosité sont deux piliers de la personnalité de cette zappeuse frénétique. Après des études de droit et de journalisme, Estelle rêve de rentrer au sein du Groupe Canal. C’est encore l’époque où la chaîne fait encore rêver par son audace et son impertinence. A force de persévérance, elle finit par décrocher un job de chargée d’acquisition de documentaires pour Planète. Ce poste lui permet de visionner des centaines d’heures de documentaires sur l’écologie, les animaux et les voyages. A travers cette expérience, elle se forge très tôt une conscience écologique qu’on retrouve aujourd’hui dans la ligne éditoriale de Réelles. Certaines interviews (avec le climatologue Hervé Le Treut ou avec Julia Faure fondatrice de la marque de vêtements éthiques Loom) permettent de comprendre l’impact environnemental de la fast-fashion ou les principaux enjeux écologiques.
Du documentaire au cinéma
Le documentaire, c’est bien mais le cinéma reste le graal chez Canal. Quelques mois après son arrivée, elle devient chargée d’acquisition des films étrangers pour la chaîne cryptée. En contact avec tous les producteurs qui comptent, Estelle vit alors la grande vie façon Canal et enchaîne les festivals. Sundance, Cannes, stars et paillettes, c’est sans doute à cette époque qu’elle développe son côté jet-set. Mais lassée par le manque de perspectives, elle retourne sur les bancs de l’école en intégrant HEC Entrepreneurs. Elle y rencontrera une autre future podcasteuse talentueuse, Pauline Laigneau qui cartonne actuellement avec son podcast Le Gratin. Les deux jeunes femmes deviennent amies et la co-fondatrice de Gemmyo n’est d’ailleurs pas étrangère à la venue d’Estelle dans cet univers.
La bifurcation vers le monde de l’entrepreneuriat
Sortie d’HEC, Estelle se décide enfin à travailler pour celui qu’elle vénère par-dessus tout : son père, le serial entrepreneur Jacob Abbou. Durant trois ans, elle participe au développement du groupe familial et satisfait une fois encore sa passion pour les médias en co-dirigeant le Journal de l’Automobile. Elle rejoint ensuite un groupe de communication spécialisé dans le retail en tant que chargée de mission puis Directrice de la stratégie Le job est passionnant mais éreintant.
Et pourquoi pas un podcast?
En 2017, elle plaque tout sur un coup de tête. Il est temps pour cette passionnée de média de trouver enfin réellement sa voie. Sa grande amie Pauline Laigneau, lance son podcast. Qu’à cela ne tienne, Estelle lui emboîte le pas en compagnie de Nora Lasry. Grâce à son carnet d’adresses, Réelles voit le jour avec un épisode très réussi avec Jacques Attali. En vérité, ce premier essai est une tannée du fait d’un matériel capricieux. Nora participe à quelques épisodes puis finit par laisser Estelle seule aux manettes.
La suite, vous la connaissez. Une douzaine d’épisodes réussis malgré une fréquence parfois irrégulière. A travers l’interview d’experts qui comptent, Réelles veut embrasser tous les sujets : économie positive, écologie, philosophie sociologie, santé, entreprise ou sexe. Cette liste n’est sans doute pas exhaustive car aucun sujet n’est tabou. A l’image de son invitée, Dora Moutot, qui évoque sans fard la jouissance féminine et sa maladie rare de flatulences incontrôlées, l’animatrice se révèle sans filtre. Mais n’est-ce pas là tout le secret de cette slasheuse talentueuse, un brin barrée qui rêve également d’édition et d’écriture ?
La suite de l’aventure Réelles
Je sais d’avance que même en matière de podcast, il y aura sans doute d’autres aventures. Cette passionnée de philosophie a encore de nouvelles ambitions pour Réelles et des rêves d’invités plein la tête. Joey Star, Edwy Plenel, Justine Levy et tant d’autres finiront sans doute par confier leurs expériences et leur vision dans ce podcast atypique dans le nouvel univers podcastique.
En la quittant après deux heures de rendez-vous, le refrain de Cookie Dingler m’est revenu en tête : « être une femme libérée, tu sais c’est pas si facile. »
Commencer par Sénèque et finir par un vieux tube des années quatre-vingt, c’est un peu le grand écart me direz-vous ? C’est bien vrai mais cela colle vraiment bien à la riche personnalité d’Estelle Abbou.