Les coulisses du podcast Queens of snakes
LES COULISSES DU PODCAST # 3

Les séries TV cartonnent, c’est un fait. Mais qu’en est-il des fictions sonores dans le monde des podcasts où chaque jour apporte son lot de nouveautés ? Nous en avons discuté avec Aurevoir Charlie, les producteurs de la série très remarquée Queens of Snakes sortie début janvier.

Un extrait de la bande son pour vous mettre dans l’ambiance de ce thriller audio pendant qu’on vous raconte la genèse de cette série.

 

A l’heure où Netflix engrange toujours plus d’abonnés avides de dévorer des séries, les podcasts se devaient de se frotter à leur tour à l’exercice. Après quelques tentatives remarquées comme Calls, une nouvelle série audio a déboulé dans nos écouteurs début 2019 : Queens of Snakes, un thriller audio-immersif en 12 épisodes. Résultat : même sans l’image, l’addiction s’est révélée aussi forte que celle éprouvée devant un écran. PODCASTZAP a voulu en savoir plus sur l’histoire de ce pari en partant à la rencontre d’Aurevoir Charlie Production, la société qui a produit et réalisé cette série.

Bonne nouvelle depuis quelques mois, la puissance du son retrouve un nouveau souffle face au torrent de contenus vidéos déversés sur nos smartphones et nos tablettes. Entretiens, témoignages, billets d’humeur, documentaires, analyses d’actualité, débats, la diversité des concepts et des formats mis en ligne ces derniers temps semble sans limites. Et pourquoi pas des séries audio basées sur des fictions ?

Cette idée, Anne-Lise Langlais, la fondatrice d’AuRevoir Charlie l’avait dans la tête depuis 5 ans. Sa société est spécialiste dans les productions sonores pour des films publicitaires, des radios avec une patte affirmée : faire de l’image sans l’image, en d’autres termes, voir le son. En 2016, elle rencontre l’auteur Vincent Rebouah qui lui concocte une ébauche de scénario. Le pitch : deux copines colocs, Constance et Juliana, se retrouvent en possession d’un serpent ultra-venimeux, un black mamba. Elles décident de le vendre et se lancent dans une aventure aux côtés de truands véreux qui va petit à petit les dépasser.

Anne-Lise confie la réalisation du projet à Nicolas Tarrin, metteur en scène et comédien, pour toute la partie direction des acteurs et Adrien Bacquet pour toute l’ingénierie sonore. Grâce à son réseau, Nicolas propose à Juliette Delacroix et Mélodie Fontaine d’enregistrer les scènes du premier épisode. La réalisation du pilote se fait un peu comme un side-project en marge de l’activité habituelle de l’agence. Au bout de plusieurs semaines, la maquette du premier opus de la série voit le jour et plaît à tous ceux qui l’écoutent.

Pendant des mois, Anne-Lise part à la recherche de partenaires pour financer les 11 épisodes restants de la série. Comme souvent lorsqu’un projet précurseur voit le jour trop tôt, l’accueil reste bon mais réservé. Personne n’ose miser un kopeck sur l’affaire. Qu’à cela ne tienne ! Convaincue par le potentiel, Anne-Lise décide d’autoproduire toute la série. Cette réalisation permettra à ses équipes d’exploiter tout leur savoir-faire acquis depuis de nombreuses années dans l’univers du son : montage, bruitage, direction de comédiens, négociation de musique et réalisation de bandes-son. Le budget et le suivi de la production sont confiés à Anabelle Azema, le quatrième pilier de l’agence.

Le tournage s’étale de mai à août 2018. Tous les enregistrements se font dans les locaux d’Aurevoir Charlie à Levallois. Un casting prestigieux se met en place : Joey Starr, Mathilda May, Tal, Malik Bentalha, Maurice Barthélémy se succèdent aux côtés des deux actrices principales dans le studio pour participer à la série. Nicolas Tarrin nous a expliqué les spécificités du travail des comédiens pour une série audio.

Les temps de prise sont plus longs qu’à la télé ou au cinéma mais les acteurs se sentent plus libres car ils n’ont pas de contraintes du corps, pas de texte à apprendre. La pression est moins grande et on peut recommencer les prises autant de fois que nécessaire.

Seule exigence majeure de sa part : la découverte des dialogues juste avant l’enregistrement pour garder un côté aussi spontané que possible. Enregistrées en audio, les quelques scènes chaudes qui émaillent la série ont ainsi occasionné de nombreux fous-rires.

Une fois tous les dialogues dans la boîte, Nicolas et Adrien se sont assis côte à côte derrière leur console pour gérer toute la post-production entre septembre et novembre. Leur objectif était à la fois simple et ambitieux : raconter une histoire qui soit le plus proche possible d’un film. En évoquant tout le travail sur la partie sonore, Adrien raconte :

On réfléchissait comme un plan de caméra alors qu’on faisait du son. On voulait donner des codes sonores qui permettent aux gens de se créer leur univers. Si on regarde un film en fermant les yeux, on doit avoir le même rendu tout en faisant comprendre la narration.

Il aura fallu en moyenne une heure pour monter une minute d’épisode en mixant parfois jusqu’à une centaine de pistes. Pour les deux réalisateurs, l’intérêt des fictions sonores réside dans l’absence de limite en matière d’imagination et d’effets spéciaux. Sans vous spoiler, on peut vous dire que les derniers épisodes sont un modèle du genre dans le domaine.

L’un des points forts de la série réside dans la bande-son musicale très présente grâce au concours du label Hoozlab qui a mis à disposition pour l’occasion tout son catalogue. A travers cette collaboration, Adrien avait la volonté affichée de faire découvrir les artistes du label en laissant beaucoup de place à certains morceaux dont ceux du groupe Carré-Court qui rythment les épisodes.

Sortie depuis maintenant un mois, la série compte déjà plus de 70 000 téléchargements, un résultat très encourageant. L’exploitation d’une série audio n’ayant pas de limites en termes de temps, nul doute que les chiffres grimperont dans les semaines et les mois à venir. Anne-Lise Langlais est aujourd’hui très fière du travail réalisé par toute son équipe.

On a dépassé notre métier du son. On est devenu créateur et diffuseur en maitrisant toute la chaine de la conception à la diffusion en passant par la création, l’identification du bon scénario, le travail d’une charte graphique qualitative, la création d’un site internet et la gestion de la communication. 

Aurevoir Charlie ne compte pas en rester là. Une version de l’épisode 1 sera bientôt mise en images sur YouTube grâce à une collaboration avec Justin Moncel. Une saison 2 est à l’étude ainsi que son adaptation en version anglaise. D’autres collaborations dans le domaine des podcasts se dessinent également. A l’heure où Hollywood commence à racheter les droits de séries audio, on peut parier que le genre a de l’avenir devant lui et pourrait devenir l’antichambre vers la production audiovisuelle pour des scénarios de qualité. Alors pourquoi pas une version TV de Queens of Snakes dans les années à venir ? C’est tout le mal qu’on peut souhaiter à son auteur et à toute l’équipe d’Aurevoir Charlie production.

Si vous n’avez pas encore téléchargé la série, vous savez ce qui vous reste à faire.

Lien vers l’épisode 1

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  1. On ferme les yeux, on écoute et on voit le film défiler. Le son (les sons), nous donne l’image.
    Extraordinaire, l’écran derrière les paupières.
    Une superbe réussite.

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